Dans notre article Le Textile, deuxième industrie la plus polluante, nous vous expliquions pourquoi il était urgent de modifier en profondeur la manière dont nous consommons la mode aujourd’hui pour aller vers une mode (plus) durable. Comme dans la définition globale du développement durable, ce changement repose sur 3 piliers : une dimension environnementale, une dimension sociale et une dimension économique. Voici 6 conseils concrets pour agir en tant que consommateur et participer à cette mode plus durable.
1. Modifier son comportement d’achat
Et si on revoyait un peu notre dressing ?
La première étape de toute démarche écologique, quel que soit le domaine, est probablement celle-ci : revoir notre comportement d’achat. Repartir de la base pour modifier nos habitudes. Voici comment on peut l’appliquer à la mode :
Trier et redécouvrir
Commencer par un gros tri pour ne garder que les pièces qui nous rendent vraiment heureux. C’est magique : on redécouvre certaines pièces oubliées que l’on trouve canons et à l’inverse on se rend compte de celles que l’on ne met jamais.
Trouver son style
Savoir ce qui nous va et dans lequel on se sent bien. Pour cela, il faut comprendre quelles coupes et couleurs nous mettent en valeur et identifier nos erreurs « classiques » comme par exemple acheter des dos nus si on sait que l’on ne supporte pas ne pas porter de soutien-gorge.
Penser son achat
Ne pas enchaîner les achats impulsifs comme les marques de la « fast fashion » nous y poussent aujourd’hui et prendre le temps de la réflexion. Cela signifie réfléchir aux différentes utilisations possibles de nos vêtements et aux assortiments possibles avec ce que l’on a déjà. Par exemple, se dire : je peux mettre cette chemise à la fois au travail lorsque je l’assorti à telle jupe et à la fois le WE avec tel et tel pantalon. Elle peut également se porter facilement sous un pull en hiver.
En résumé, adopter le réflexe d’acheter moins mais mieux permet de se constituer un dressing cohérent, en accord avec son style et ses valeurs. On évite le fameux « j’ai rien à me mettre » devant un placard qui déborde 😉 Cela demande un petit effort au début mais c’est vraiment plus agréable ensuite.
2. Bien choisir les tissus
Que ce soit sur internet ou en boutique directement sur les étiquettes, vous pouvez connaître la composition des vêtements que vous achetez. Mais pour réussir à choisir les textiles les moins polluants, encore faut-il avoir une petite connaissance de leur méthode de culture et de fabrication afin d’évaluer leur impact environnemental.
On peut retenir que les 2 catégories de tissus à éviter sont :
- le coton conventionnel (non bio), l’une des matières les plus polluantes du fait de la quantité astronomique d’eau et de pesticides que sa culture demande.
- les fibres synthétiques telles que le polyester (lorsqu’elles ne sont pas recyclées), car directement issues du pétrole.
Dans son guide des étiquettes, Slo We Are rapporte une étude du cabinet américain Brown & Williams qui, grâce à des critères tels que la consommation d’eau, le dégagement de CO2, la toxicité pour les hommes etc, classe les matières de la plus écologique à la plus polluante. Cela permet un mémo rapide lors d’un achat !
Si vous le pouvez, intéressez-vous également aux teintures et impressions : préférez les encres végétales ou à l’eau pour vous assurer qu’il n’y a pas de produits chimiques.
Vos meilleurs alliés dans cette première étape seront les labels et certifications. Par exemple, le label GOTS garantit l’origine biologique des fibres et Oeko Tex garantit l’absence de substances dangereuses pour la santé et la peau du consommateur. Le site Eco-sapiens recense les labels du textile et plus largement vous aide à faire la différence entre les labels tops et les moins bons ( ici ).
3. Favoriser une production équitable et si possible locale
Il y a 5 ans, 1147 personnes périssaient dans l’effondrement du Rana Plaza, une usine textile au Bangladesh, qui confectionnait les vêtements pour diverses marques internationales (Mango, Primark, Carrefour). Plus récemment, l’émission Cash Investigation pointait du doigt les nombreux cas de travail forcé ou infantile en Asie dans cette industrie. Lorsque les marques mettent toujours plus de pression sur leurs intermédiaires pour pouvoir vendre leurs Tshirt à 5 euros, il y a forcément quelqu’un qui en paye le prix. Un ouvrier au Bangladesh gagne 60 euros par mois (75% de plus qu’avant le Rana Plaza, mais toujours pas assez pour vivre décemment même là-bas). De notre côté, un rapport de Greenpeace souligne que nous achetons 60% plus de vêtements qu’il y a 15 ans, avec un budget qui a diminué d’un tiers depuis 1960.
Alors comment on fait ?
Acheter équitable
Totalement boycotter les pays d’Asie n’est pas une solution. Le secteur du textile est un vivier d’emplois très important pour eux et ce serait les priver d’emplois vitaux. Mais encourager les démarches des marques ayant un véritable projet social permet d’initier un changement global.
Quelques exemples : la marque de sacs Bhallot travaille avec des coopératives équitables au Bangladesh faisant partie du label WFTO . La marque Muudana, travaille avec une ONG au Cambodge qui permet de scolariser plus de 6000 enfants défavorisés chaque année et proposer un travail digne et équitable à leur mère grâce à son atelier de confection textile.
Plus généralement, le label Fare Trade Max Havelaar, en général plus connu pour le chocolat ou le café, garantit un coton fabriqué de manière équitable pour les pays producteurs et dans le respect des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT). Les critères environnementaux liés à ce label sont cependant limités.
Acheter local (Made in France ou Europe)
La seconde solution est d’acheter des produits fabriqués plus près de chez nous, en France ou en Europe. Cela a plusieurs avantages :
- Diminuer l’empreinte carbone liée au transport
- Encourager l’entreprenariat et l’économie locale
- Faire perdurer le savoir-faire
- Profiter de normes environnementales plus strictes notamment pour les systèmes de dépollution et traitement des eaux
- Profiter de normes sociales plus strictes (salaires minimum, congés payés, sécurité sociale, temps de travail, syndicats …).
Il ne faut néanmoins pas penser que tout est forcément parfait en Europe ou en France, et il est important que les marques visitent régulièrement leurs usines partenaires.
4. Faire attention à l’entretien de ses vêtements
Savez-vous que la moitié de l’impact écologique d’un vêtement a lieu après son achat ? Une fois le pull de nos rêves dans notre placard, notre mission est donc double : prendre soin de nos vêtements pour qu’ils durent plus longtemps et faire attention à nos méthodes d’entretien afin de réduire notre empreinte.
Nous pouvons commencer par moins laver nos vêtements. Si un T-Shirt nécessite un lavage quotidien en été, un jean peut lui se porter plusieurs jours sans problème. Nous pouvons simplement laver la tâche que l’on vient de faire ou aérer un Tshirt propre qui sent le renfermé car il a trop trainé au fond du placard.
Lors du lavage, il faut favoriser les cycles courts et les lavages à 30°C, ne pas faire tourner une machine aux ¾ vide et respecter les consignes des étiquettes (lavage à l’envers, sans adoucissant, ou lavage délicat en filet par exemple) afin de ne pas abimer les vêtements délicats. De plus, évitez au maximum les vêtements demandant un lavage à sec car cela utilise des produits nocifs pour nous et la planète. Enfin, l’idéal est d’utiliser une lessive écologique. Le site Anotherway propose par exemple plusieurs types de lessives, seule ou dans un kit zéro déchet : idéal pour se lancer en mêmes temps dans la vaisselle et l’emballage de conservation plus écologique.
Pour limiter l’usage d’électricité, le premier réflexe à prendre est d’oublier le sèche-linge et de limiter le repassage quand c’est possible en étendant bien ses vêtements. Le séchage hors machine a en plus l’avantage de préserver les fibres du tissu. Et en prenant encore un peu plus de recul : lors de l’achat de ces appareils, l’étiquette énergie permet de limiter son impact sur le long terme. Comme à l’école, A+++, c’est le top !
5. Opter parfois pour des systèmes alternatifs à l’achat
Le meilleur moyen de réduire l’impact d’un vêtement est qu’il soit porté le plus de fois possible. Ainsi, tout ce qui rallonge sa durée de vie est une bonne solution. Voici 2 systèmes qui vont en ce sens et qui permettent tout de même de changer sa garde-robe régulièrement :
La location
La location de vêtements est particulièrement adaptée lorsque l’on sait que l’on portera très peu telle ou telle pièce : soit pour des périodes de la vie où l’on change rapidement de morphologie, soit pour des événements exceptionnels.
Par exemple, Tale Me est un dressing à louer à la fois pour les enfants de 0 à 6 ans et pour la maternité. Le site Les Cachotières permet quant à lui de louer toute sorte de vêtements, dont de jolies robes pour des mariages.
Les pièces Vintage
Une chance : le terme « vintage » a le vent en poupe en ce moment et il est donc assez facile de trouver des habits de seconde main. Que ce soit les magasins de fripes, les sites de vide-dressings tels que Vestiairecollective.com ou Vinted ou via des systèmes de troc « maisons », les endroits ne manquent pas pour trouver de belles occasions !
6. Penser à la fin de vie des vêtements
Etant donné l’énergie nécessaire à la création d’un vêtement, il est important de le valoriser au maximum lors de sa fin de vie. Pourtant, selon le dernier rapport de la Fondation Ellen Macarthur, 73% du textile mondial finit incinéré ou en décharge.
Outre les initiatives mentionnées précédemment, qui permettent de réinjecter ses habits dans l’économie, il existe de nombreux points de collecte pour les textiles (vêtements, linge de maison …) et les chaussures. Vous pouvez y déposer vos articles quel que soit leur état d’usure, du moment qu’ils sont propres et secs. Ils seront alors :
- Soit réutilisés : donnés aux personnes dans le besoin ou revendus
- Soit recyclés. En en fera alors par exemple du rembourrage de coussins, de nouvelles fibres pour refaire des vêtements, des chiffons, ou encore de la neige artificielle pour les décorations de Noel.
Il existe plus de 41700 points d’apport en France donc il y en a certainement un proche de chez vous ! La liste est dispo ici sur La Fibre du Tri.
Voilà, même si le rôle des marques est essentiel dans la transformation en profondeur du secteur textile, il y a donc de nombreux moyens de participer nous-mêmes, en tant que consommateurs, à ce changement vers une mode plus durable. Et pour y prendre part, il faut que nous soyons conscients du vrai prix des choses. Consommer moins pour consommer mieux. La course aux coûts toujours plus bas pour une consommation toujours plus grande nous a familiarisé avec des prix d’ordres de grandeurs irréalistes par rapport aux vrais prix « humain » et « environnemental » des vêtements. Car non, un T-shirt ne peut pas coûter 3 euros sans que quelque part à l’autre bout du monde, des hommes (ou la planète) en payent le prix.
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Sources :
merci pour ce partage
des progres a faire chez nous , ce confinement nous donne un peu de temps pour trier , donner ,reflechir
Bonjour Marie,
Oh je vous rassure, des progrès à faire chez nous aussi 🙂 C’est une aventure continue et parfois le tri se fait en plusieurs étapes… On garde d’abord un tas “pas sure de vouloir m’en séparer” et au coup d’après on passe à “bon ça fait 2 fois, je ne l’ai toujours pas remis, cette fois j’en suis sure” 😉 Mais je trouve qu’on apprend au fur et à mesure à ne plus acheter les choses qu’on ne mettra jamais et à mieux réfléchir avant un achat ! 🙂
Super article, qui détaillé bien toutes les possibilités.
Une précision par contre, la lessive écologique, c’est en général très allergène. La dernière fois que j’ai utilisé une lessive Bio, mon chéri a fini avec un urticaire….
Merci beaucoup Lucie !
Et merci pour ton retour d’expérience ! Effectivement c’est problématique… As-tu essayé plusieurs marques ? De notre coté on utilise la marque l’ “Arbre Vert” (éco label européen et sans allergènes) et pas de problèmes pour l’instant. Je vais également essayer la lessive fait maison, peut être que c’est une solution pour toi ?
Lessive faite maison testée et approuvée 😉
Impec ! 🙂
Waahouuu que de changements à apporter dans nos quotidiens mais que de bonnes idées ! Certes, il va falloir un peu de temps pour oublier les anciens réflexes et en créer de nouveaux, mais ça en vaut tellement la peine ! Mission acceptée Gayaskin 🙂
Très bel enthousiasme 🙂 N’hésite pas à nous dire ce que tu en as pensé concrètement dans quelques mois et à partager tes victoires !